Attaque cérébrale: tout change d’un coup!
Chaque année, environ 16 000 personnes subissent une attaque cérébrale en Suisse. Les hommes présentent un risque plus élevé, mais les femmes sont également concernées. Une bonne hygiène de vie permet de prévenir un accident vasculaire cérébral.
Un coup du destin peut transformer votre vie d’un jour à l’autre.
Judith Wyder est bien placée pour le savoir. La célèbre coureuse d’orientation s’est réveillée le 26 décembre 2019 avec de violents maux de tête, qui ont duré plusieurs heures.
Dans le magazine sportif féminin «Sportlerin», elle explique comment elle a vécu cette journée.
«Aux urgences, on m’a prescrit des antalgiques, mais je ne pouvais plus lire l’ordonnance. » La femme d’alors 31 ans remarque qu’elle est gravement touchée. Enfin, on lui diagnostique un accident vasculaire cérébral après huit heures d’irrigation sanguine perturbée dans les parties de son cerveau permettant la vision et la mémoire. Judith Wyder, alors active, sportive et en pleine santé à tous points de vue, voit sa vie basculer. Sa capacité visuelle tombe à 70 pourcents. Elle ne se rappelle plus de certaines choses. De plus, elle est enceinte à ce moment-là et donc très préoccupée. Toutefois, grâce à une bonne prise en charge et à son excellente constitution, elle se remet particulièrement rapidement. Cinq mois plus tard, Judith peut déjà reprendre la course et, peu après, elle met au monde une fille en bonne santé. En 2020, elle réalise même une excellente performance lors d’un trail auquel elle participe en Espagne.
Un traitement rapide est déterminant
Petite clarification terminologique: il n’y a pas de différence entre une attaque cérébrale et un accident vasculaire cérébral, ces deux expressions représentent la même urgence médicale. Il s’agit d’une interruption de l’irrigation sanguine du cerveau, qui compromet l’apport d’oxygène.
«Après quelques minutes sans apport sanguin au cerveau, le/la patient/e est en mort cérébrale et ne peut plus être sauvé/e» affirme Julia Stehli, médecin-cheffe de l’hôpital universitaire de Zurich. «On peut toujours maintenir une personne en vie, mais, lorsque le cerveau a été privé de sang pendant trop longtemps, les séquelles sont extrêmement importantes.» Si le cerveau est mort, nous ne pouvons malheureusement plus rien faire, même si les machines cœur-poumon peuvent prolonger la vie.
Comment reconnaître une attaque cérébrale?
Un moyen mnémotechnique permet de déceler un accident vasculaire cérébral: le schéma BE-FAST («sois rapide» en anglais).
- Balance (équilibre): la personne a-t-elle soudainement des problèmes d’équilibre ou de coordination?
- Eyes (yeux): existe-t-il une altération soudaine de la vue (cécité, vision floue)?
- Face (visage): est-il devenu impossible de sourire ou de montrer les dents? La bouche est-elle tordue ou affaissée d’un côté?
- Arm (bras): est-il devenu impossible de tendre les bras horizontalement vers l’avant, de les lever ou de lever les pouces? Un bras reste-t-il immobile ou tombe-t-il?
- Speech (discours): l’élocution est-elle peu claire ou difficile à comprendre?
- Time (temps): en cas d’attaque cérébrale, il faut toujours appeler immédiatement le numéro d’urgence 144. Un traitement aigu et rapide prodigué par des spécialistes est déterminant. Il existe des unités cérébrovasculaires (Stroke Center) dans toute la Suisse.
>> Reconnaître un accident vasculaire cérébral: lien Stiftung Deutsche Schlaganfallhilfe (fondation allemande d'aide en cas d’attaque cérébrale), site disponible uniquement en allemand
Que se passe-t-il après une attaque cérébrale?
Afin de traiter correctement un accident vasculaire cérébral, il faut d’abord déterminer la cause de celui-ci. En cas de soupçon, une IRM du cerveau sera réalisée au plus vite.
Si une perturbation de l’irrigation sanguine est constatée, une intervention intraveineuse ou chirurgicale immédiate est appropriée. Lorsque le rétablissement de l’apport sanguin est rapide, la partie endommagée du cerveau reste relativement restreinte.
Les altérations corporelles engendrées peuvent être grandement réduites par la réadaptation. Si les cellules nerveuses du cerveau ont malgré tout subi des dommages importants, des séquelles motrices peuvent perdurer.
Quels sont les facteurs de risque?
L’exemple de Judith Wyder montre bien que cela peut concerner tout le monde. Les hommes ont néanmoins une probabilité presque deux fois plus élevée que les femmes de mourir d’un accident vasculaire cérébral. Chez les femmes, la grossesse accentue légèrement le risque. D’autres facteurs de risque sont:
- l’hypertension artérielle
- un taux de cholestérol trop élevé
- le tabagisme
- le surpoids
- le diabète
Chaque année, environ 16 000 personnes subissent une attaque cérébrale en Suisse. 40 pourcents d’entre elles se rétablissent complètement, tandis qu’environ un tiers conserve des séquelles durables et presque 25 pourcents en meurent.
Beaucoup de mouvement, pas de tabac et peu d’alcool
Environ 85 pourcents des accidents vasculaires cérébraux sont causés par un vaisseau sanguin obstrué. La plupart du temps, il s’agit d’un caillot sanguin qui bouche une artère du cerveau. Ce type de blocage, qui peut par exemple provoquer une calcification du cerveau, doit être traité par des médicaments ou retiré à l’aide d’un cathéter. Dans les 15 pourcents restants, une hémorragie cérébrale en est la cause.
La plupart des facteurs de risque peuvent être atténués en adoptant un mode de vie adéquat: mouvement régulier, pas de cigarettes, alimentation équilibrée et pauvre en graisses, consommation raisonnable d’alcool.
Il n'existe toutefois pas de garantie absolue, ce dont Judith Wyder a fait l’expérience.
Judith Wyder après son accident vasculaire cérébral
L’origine de l’attaque cérébrale de cette athlète en pleine forme reste obscure. On suppose que l’ouverture des deux oreillettes du cœur, qui se ferment normalement après la naissance et ont été opérées entre temps, y a contribué.
Bien que Judith Wyder ait connu un parcours positif et qu’elle soit remontée à un niveau impressionnant depuis bien longtemps en tant que coureuse, elle ressent encore aujourd’hui les conséquences de son accident vasculaire cérébral. Elle est moins résistante et ses capacités visuelles et mémorielles sont limitées. Cependant, la femme de 34 ans est reconnaissante de pouvoir être à nouveau active et passer beaucoup de temps avec sa famille dans la nature. «Ce sujet est très important pour moi. Je suis contente d’avoir parlé ouvertement de mon attaque cérébrale. Cela peut peut-être sauver des vies», déclare-t-elle.
Liens:
- Plus d’infos: Fondation Suisse de Cardiologie
- Fragile Suisse